Petit bilan des trois semaines, bientôt fondues, passées à San Francisco.
Le début a été plutôt difficile, avec des moments où vraiment je ne m'imaginais pas du tout rester ici : trop de pauvres d'abord. Une pauvreté très présente avec des clodos partout, partout, partout. partout au milieu de gars qui se comportent comme si tout celà était la chose la plus normale du monde... Oui, il y a des pauvres : c'est normal, c'est la marche des choses, l'autorégulation, il faut des pauvres et il faut des riches, et bla bla bla.... C'est toujours plus compliqué que ce qu'on voudrait : non, les pauvres sont pas tous noirs. les noirs s'en sortent aussi mal que les blancs par ici. Il y a aussi que comme je l'ai déjà écrit, SF paye les aides que les autres ne veulent pas payer. Donc tout ce qu'il y a de cloche chez l'oncle Sam vient encaisser son chèque qui va lui permettre de vivre une semaine dans le brouillard nord Californien.
San Francisco c'est très européen : ouais...faut le dire vite...comparé avec le trou du cul du midwest, oui... mais comparé avec l'Europe (la vraie, la seule, l'unique...ouhh, je m'égare...) D'après Luis, il y a une 'américanisation' très sensible de la ville depuis quelques temps : les lois municipales qui empêchaient SF de devenir un énorme centre commercial géant un peu comme toutes les métropoles us sautent une à une sous la pression réupublicaine libérale. Jusqu'à peu par exemple, une chaine qui possédait déjà quatre magasins sur le territoire américain ne pouvait pas ouvrir de succursale à San Francisco. Vous imaginez la pression que les Mc DO, Starbucks, et autres ont mis pour que ça change... Et ca change aussi pour les européens : pas de H&M, pas de Zara...jusqu'à cet été, les suédois arrivent en ville !
Bon mais le plus dûr pour moi je crois, ça va être la manière dont les gays vivent la "communauté" ici. On se plaint souvent que le Marais soit un ghetto : venez voir par ici les gars ! Depuis que je suis arrivé, je n'ai pas rencontré une fille. Je dis bien pas une ! J'imagine qu'il y a aussi des pédés qui vivent sans femmes dans leur entourage, mais moi je n'y suis pas habitué du tout. Et je n'aime pas ça. Le communautarisme est presque une obligation ici, et beaucoup (beaucoup!!) trouvent tout à fait naturel de se replier sur une communauté sexuelle. Plusieurs raisons à ça : d'abord une question de relation hétéro-homo qui n'est pas vraiment comparable à la nôtre. Aux States, l'homophobie ça existe à un niveau qu'on a pas chez nous, plus large, plus diffusée, vraiment partout. Ce n'est pas l'urbain qui va vous protéger de l'homophobie : les villes sont aussi homophobes que les campagnes et Sf est vraiment une incoyable exception en la matière. Même pour un européen, on sent la grosse liberté ici. Par contre le petit dej pédé, le jogg pédé, le lunch pédé, le taff pédé, la gym pédé, le club de lecteurs pédé, le bar pédé, le coiffeur, l'agence de voyage, l'agence de pub, le ciné, le restau, le dealer, le dealer, le dealer, dealer... oui parcequ'ici c'est le milieu dans ce qu'il a de plus glorieux, piqûres d'anabos, injections de cristal, les capotes... c'est quoi ???? "je considère que tous mes partenaires son séropositifs et j'attends qu'ils fassent de même avec moi. C'est facile, non?" ça c'est une phrase que j'ai entendue trois fois en trois semaines. Et je peux vous dire que les partouzes parisiennes les font mourir de rire ici....
Ca c'était pour le négatif.
Pour le positif : ben, jaime bien. je sais pas pourquoi, mais j'aime bien. Y a des moments où c'est carrément sympa. Et puis Luis n'est pas très attaché à cette ville : pas de problème pour rejoindre la côte est un de ces jours. Parceque je crois quand même que c'est plus vivable là bas...
Mais la ville est physiquement belle, non? Ca compte, non ? Le brouillard, c'est tout le temps ?
Rédigé par : Ahlawi | avril 22, 2005 à 08:53 PM
Oui la ville est vraiment très belle à certains endroits. Les fameuses vues qui plongent sur l'océan, ou les maisons accrochées sur les collines c'est vrai et c'est très beau. Non le brouillard c'est pas tout le temps; en ce moment c'est pas la saison, il fait un temps magnifique: mais il parait que c'est pas normal. Le brouillard est très impressionant quand il y en a . Mais il y a un phénomène physique très étrange qui fait que d'un quartier à un autre, la météo est complêtement différente. Mais complêtement.Et et hiver dans la même journée et dans la même ville...
Rédigé par : darkbear88 | avril 22, 2005 à 09:44 PM
Je suis d'accord que le nombre de sans-abris, clodos, toxicos etc qui traînent dans la rue est dérangeant (et encore, le plus dérangeant, c'est surtout la facilité avec laquelle, après quelques années, on s'y habitue au point de ne plus prêter la moindre attention), mais il est important de comprendre pourquoi il y en a tant à San Francisco:
Une des raisons majeures pour laquelle le Civic Center contient à lui tout seul plus de sans-abri qu'une ville de taille égale du midwest, c'est que, de tout temps, la mairie de SF (sous la pression des habitatants) a eu une politique extrêmement libérale (au sens Américain) envers ceux-ci. Compare avec le style de Giulianni à NYC, et tu comprendras pourquoi il y a des tentes et des cordes à linge partout sur UN Plaza, tandis que Time Square ressemble à Disneyworld en plus ennuyeux: évidemment, quand on décide de mettre tous les pauvres en prison, cela résout bien des problèmes.
Ceci-dit, il y a clairement un problème à San Francisco et j'espère vraiment que ça s'arrangera un jour sans en arriver aux méthodes du reste des US (de ce coté la, le maire actuelle ne me donne guère d'espoir).
En ce qui concerne le "ghetto": il est temps de sortir du Castro!
Peur de l'homophobie? communautarisme forcé? aucune femme???
On n'a pas du vivre dans la même ville (en fait, on n'a probablement pas, mais ça n'empêche)...
Bien sûr tout ce que tu mentionnes existe: le cul, le cul, la dope, le cul, les cachetons, le cul, la gonflette, le cul sans capote etc. Mais si t'as vu que ça, il est temps de t'intéresser aux 99% restant de la ville.
Si je puis me permettre un conseil amical: part un peu à l'aventure sans tes amis, de temps en temps.
On découvre rarement la vraie nature d'une ville, on n'en voit que ce qui en transparaît à travers notre cercle social élargi, et c'est tout à fait normal. Mais si ce que tu vois ne te plait pas, c'est peut-être que tu passes trop de temps au même endroit et avec les mêmes personnes.
Il n'y a pas meilleure ville que San Francisco pour rencontrer des étrangers de tous horizons (et non, je ne te parle pas des rencontres dans la backroom de Powerhouse). A de très rares exceptions près (les bars hétéro-beaufs eurotrashs de North Beach et les baraques à frites pour touriste de Fisherman's Wharf viennent à l'esprit), tous les quartiers sont hautement gay-friendly, sans être gay-only... Je te met au défi de trouver un seul bon club "hétéro" de la ville qui ne contienne pas au moins 20-30% de gays, et "fag-hag" est probablement la caractéristique la plus partagée entre toutes les habitantes femmes de la ville, loin devant l'usage du stérilet ou de la décoloration peroxydée.
Sinon, Ahlawl, oui, il y a du brouillard tout le temps. Sauf en hiver.
Rédigé par : dr Dave | avril 23, 2005 à 07:30 AM
Je suis venu trois à SFO, dont une fois en passant pour descendre sur Los Angeles. J'aime la ville, les promenades qui m'offrent un sentiment de liberté, le "Café Flore" pour le p'tit dej' au calme sur Market street près de Castro, et les bars non fumeurs... côté Q, je n'ai pas beaucoup fréquenté le milieu, mais il est vrai que j'ai ressenti cette absence de capote dont u parles et c'est plutôt fou quand même...
Mais pour ce qui est du ghetto, c'est comme à Paris, on n'est pas obligé de se plonger dedans tout le temps. Prendre de la distance est parfois nécessaire...
Je retourne à SFO en juin en passant, pendant le w/e de la gay pride... En fait trois semaines de vacances entre LA, Death Valley, Yosemite, SFO et retour LA...
gael
Rédigé par : xgael | avril 24, 2005 à 04:08 PM
@dr Dave : tu as raison sur toute la ligne. Il est évident que San Francisco est assez grand pour permettre une sociabilisation différente et personelle. Depuis le début du festival de ciné, je passe mes journées et mes soirées entourés de gays (et de ces fameuses "fag hag" et leurs mecs gay friendly) qui sont pas barbus, poilus, tatoués, en cuir ou avec physique de stade terminal et ça soulage. Oui il y a, comme à Paris, DES communautés gays. Mais celle de Castro est si visible qu'elle cache facilement les autres.
@xgael : waow, ça a l'air cool ! bonne route.
Rédigé par : darkbear88 | avril 24, 2005 à 06:17 PM